Aujourd’hui nous ne nous retrouvons ni pour du jeu vidéo, ni pour du manga. Cette pose lecture vous est proposée sans jolie mise en forme, pas d’ancres, de liens ou de visuels mais simplement brute de décoffrage, comme elle est sortie de mon cerveau – un peu comme certains aliments que nous apprécions avec juste une pointe de sel de Guérande et j’imagine qu’ici aussi il risque d’y en avoir un peu, du sel…

Effectivement j’aimerais vous parler d’une « problématique » que j’observe depuis un moment déjà. Criante de vérité sur les relations sociales dites virtuelles mais aussi sur la saturation des gens vis à vis de la toile, mon « analyse canapé » de l’engagement sur les réseaux sociaux explique un peu en quoi il devient déjà difficile d’exercer ces (pourtant souvent nouveaux) métiers dont le principal objectif se porte à disposer d’un taux d’engagement assez élevé. Tout en nous invitant à nous interroger sur le fond de ce souci.

Pour commencer, définissons l’engagement comme un bouche à oreille qui se finit en barmitsva dans ta société – souvent sur fond d’offre promotionnelle de lancement et amène par extension à fidéliser ton « client ». Nombre d’agences de communication définiront ce concept d’une bien différente façon, mais l’imager vulgairement me semblait utile ;).

À vrai dire, le taux d’engagement des communautés sur les réseaux a décliné depuis bien des années déjà, avec une nette chute libre sur ces derniers temps (cette dernière en grande partie, je pense, en réponse aux différents changements d’algorithmes et de features apportés par de nombreux réseaux).

Les nouveaux features de Twitter par exemple sont, à mon avis, la cause d’une perte majeure de l’engagement. Avant, seuls les RT apparaissaient dans la Timeline de vos followers. Normal me direz-vous, le RT étant un partage c’est le principe même du truc m’voyez.
Maintenant, vous likez un tweet ? Bim, c’est comme partager. Ça remonte dans la timeline de vos followers en 2 secondes 3, assez pour ne plus assumer votre petit like NSFW de la pause midi – à moins que vous ne disposiez pas d’un compte plus ou moins « professionnel », que votre communauté ait aussi un attrait pour le sujet ou bien que vous n’en ayez rien à faire que des twittos hurlent à l’attentat à la pudeur dans un thread de 15 tweets pour dire combien vous êtes problématique et pourrissez les timelines alors que… C’est le système de remonter les likes dans la TL qui est illogique et injustifié :3. Mais si les gens savaient s’attaquer aux sources des problèmes et non pas aux derniers éléments de la chaîne, ça se saurait ..!
EN BREF, si tu likes : c’est comme si tu partageais. Donc une bonne partie des utilisateurs ne prend plus le temps de liker parce qu’ils n’ont pas envie d’indisposer les autres et se sentent surexposés par rapport à leur activité en ligne. Aussi, le like est souvent utilisé comme un outil intime mais public, utilisé dans notre propre intérêt seulement. Car rares sont ceux qui consultent la catégorie « j’aime » d’un profil Twitter, soyons honnêtes. Celle-ci sert plus souvent de marqueur de tweets à revoir / enregistrer qu’autre chose (beaucoup plus utilisée ainsi que les signets qui sont pourtant une option dédiée à cette pratique).
Que ce soit un article qu’ils apprécient, un nude, un meme trop drôle ou un propos sujet à débat, les gens n’osent donc plus liker. Et, alors que le RT était déjà petit à petit considéré comme une denrée rare… Le like, anciennement favori, disparaît lui aussi peu à peu…

Force est donc de constater qu’aujourd’hui l’engagement sur les réseaux sociaux est devenu très faible – que vous ayez un gros compte ou pas d’ailleurs : même combat. À la limite, un triste constat que j’ai fait au passage est que les communautés les plus engagées et actives ne sont pas les plus respectueuses envers le créateur qu’elles soutiennent. Comme si les échanges insultants, virulents, trolls étaient plus faciles à tenir que les constructifs et positifs.
Par conséquent, impossible de ne reporter la faute que sur les réseaux eux-mêmes. Notre manière de les utiliser a aussi grandement participé à faire baisser la qualité générale et le niveau d’appréciation et d’implication vis à vis de celle-ci. Et ceci impacte directement notre capacité / envie à interagir avec les nombreux contenus proposés sur ces plateformes. Parce que nous (oui nous, car tout créateur est avant tout un internaute potentiellement consommateur) avons été profondément dégoutés du procédé de partage. Cela fait des années que nous entendons partout « partage, partage si, RT +, parles-en, etc » : des codes de langage absolument essentiels à certains métiers mais dont nous avons tous beaucoup trop abusé. Deux exemples d’abus constants :

  1. Avec les concours : RT / partage + tag un ami + abonne-toi à tout nos réseaux + inscrit ta maman à notre newsletter pour multiplier tes chances par 35,99.
  2. Avec le « ponçage d’une communauté », comme j’aime à l’appeler, en demandant systématiquement à celle-ci de partager, tag, commenter ou de valider « poce ble » comme diraient d’autres. Sans se soucier de plaire avant cela.

Si l’engagement se meurt, c’est pour moi un indice de température sur l’état du net et combien il s’est dégradé. Combien nous, internautes, trouvons dorénavant que la plupart des contenus sont tellement peu qualitatifs (et je ne parle pas que du fond mais aussi de la forme) qu’ils nous passent même l’envie de partager l’immense partie composée de « bon ». En même temps… À force de manger de la merde, arrivons-nous encore à dissocier le « bon » du « mauvais » ?
En sachant bien évidemment que bon/mauvais est une appréciation principalement subjective. Le monde est composé de choses que chacun aime ou n’aime pas, il y aura toujours du contenu pour certains et pas pour d’autres et inversement. Malgré tout je pense que nous pouvons tout de même définir ce qu’un mauvais contenu peut être : si le contenu est une copie de l’oeuvre de quelqu’un d’autre, si l’on vous vend 3 lignes creuses comme l’article de l’année ou encore si la page est surchargée de pubs en tout genres, etc. Il y a certains patterns que nous ne devrions pas accepter.
L’engagement fonctionne dans les deux sens alors apportons de l’engagement aux créateurs/éditeurs/entreprises engagés et impliqués dans ce qu’ils proposent, ne les laissons pas tomber et acceptons enfin sans tabou que, même engagée, une personne qui vous propose du contenu a sûrement besoin d’en vivre aussi… Et au-delà de ça, ce sont des services qui ne devraient choquer absolument personne s’ils sont rémunérés (cf paragraphe d’après) – même vendre des nudes hein, je vous vois venir. De toute façon ces gens ne vous dérangent pas, si vous n’aimez pas : passez votre chemin, vous vous économiserez du temps pour vos passions, vos proches… Ou pour le contenu que vous appréciez ! 😉

Alors comment, dans ces conditions, « convaincre » naturellement les internautes que vous mettez du coeur à l’ouvrage et n’êtes pas là pour les arnaquer au moindre clic ? Comment leur donner envie de partager, malgré les contraintes que cela implique (comme expliqué au début de l’article) ? Comment mériter de bénéficier de ce bouche à oreille nécessaire à une entreprise / un blogueur / une dessinatrice / un youtubeur / une freelance, etc sans pour autant dire adieu à vos valeurs ou fournir du contenu qui ne vous plait pas à vous en premier lieu ?
Ici j’aimerais d’ailleurs apporter une précision pour les nouveaux métiers du stream / blog / youtube, qui à mon goût souffrent d’autant plus à ce niveau. En effet vous noterez la bienveillance des arguments des détracteurs de streamers/blogueurs/créateurs très actifs auxquels il est reproché de « faire des partenariats de merde et vendre son cul » ou de « monétiser (et du coup demander) les partages, ces gens vénaux » ou encore de « demander des dons, ces parasites ». Souvent ce sont les 3 seules solutions disponibles (plus ou moins viables) pour tenter vivre un minimum de ce métier.
Cette réflexion couchée noir sur blanc vous fera peut-être réfléchir la prochaine fois que vous vous apprêterez à cracher sur l’un de ces travailleurs. À moins que vous ne soyez de ceux qui estiment qu’ils n’ont qu’à « traverser la rue et faire un vrai métier comme tout le monde » mais dans ce cas j’ai l’honneur de vous apprendre que vous êtes un étron aigri et envieux de la réussite ou tout du moins de la tentative des autres à réaliser leurs rêves là où vous échouez lamentablement. En fait, la personne que vous critiquez intrinsèquement c’est… Vous.

Les réponses à ces questions, les solutions à ces problèmes : je ne les ai pas. Personne ne peut prétendre les avoir à titre individuel d’ailleurs puisqu’à mes yeux c’est un travail collectif et de longue durée à effectuer et mettre en place.
Aussi, comme je suis loin d’être une grande sage, je vais faire comme tout le monde et souhaiter que ces points s’améliorent, je vais essayer également de continuer à me faire plaisir et mettre du coeur dans ce que je fais en espérant vous le partager avec sincérité, je vais aussi continuer à soutenir un maximum les créateurs que j’apprécie, quels qu’ils soient et par les biais qui me conviennent le plus et sont à ma portée.

Pour terminer : l’engagement, c’est ce qui fait vivre des milliers de gens. Ça ne coute rien de partager quelque chose qui vous plaît ou que vous trouvez bien écrit / bien travaillé même si ce n’est pas spécialement votre domaine de prédilection. Ça ne coûte rien non plus de vous respecter et d’arrêter de partager/soutenir des contenus que nous pouvons retrouver dans les patterns énoncés plus haut aussi, hein. Mais, le plus important : si vous croisez un contenu de créateur et que vous appréciez ce dernier, n’hésitez pas à le soutenir dans la mesure du possible : ça passe par un merci, un partage, un abonnement… :).

Sur ce : prenez soin de vous et de vos proches <3.