Depuis un an maintenant, je mène une vie des plus simples (ça ne m’enchante pas des masses pour être honnête, mais que voulez-vous) : le fameux metro boulot dodo des temps modernes mais sans le metro, parce que ça pue. Pourtant quand arrive le soir (enfin, les soirs où j’ai le temps) : je sauve Azeroth. Bien prétentieux me direz-vous ! Mais je vous l’assure, je suis une vraie héroïne. Je troque mes petites robes des premiers beaux jours contre une armure badass transmogriffée avec goût et je casse des bouches de démons ou autres malfrats qui croisent ma route. Et vous savez quoi ? J’adore ça. J’ai donc décidé d’écrire un peu sur un jeu qui m’a sauvée maintes fois et que j’estime énormément. Je préfère vous prévenir que cette première partie se fera sous un jour un peu plus personnel mais ne vous inquiétez pas la ou les prochaines seront plus orientées sur le jeu lui-même, toujours en faisant écho à mes ressentis.

Le début d’un grand amour

J’ai commencé World of Warcraft à l’heure où je faisais mes premières expériences sociales au collège. On grandit, on fait ses armes. Contre les gens, contre l’école. Mes premières années d’adolescence étaient compliquées à dire vrai : le divorce de mes parents, plusieurs deuils et autres mauvaises choses me guident doucement vers de mauvais chemins. Je ne fréquente pas les meilleures personnes, je travaille moins en cours, je me rebelle à droite à gauche et vais même jusqu’à risquer mon année de 5ème. Mon cerveau ressemble à un champ de mines, mon coeur à un bunker.

Et puis la lumière. Dans tout ce fouillis je découvre un refuge. Ou plutôt, on me propose un refuge. Il faut savoir que j’ai 12 ans, je suis un cocktail molotov ambulant mais un weekend lors d’une réunion de famille chez mon oncle alors que nous sommes tous à chercher quoi faire entre lire des BDs, dessiner, écouter de la musique ou regarder un film : je le vois là sur son ordinateur, coincé entre diverses figurines SF, en train de faire avancer un personnage haut en couleur dans une magnifique forêt profonde. J’avais joué à Warcraft 3 et j’ai tout de suite reconnu la patte Blizzard, il s’est tourné vers moi avec un « tu veux voir? » et tout était déjà dit. Je serais un bien grand bisounours en vous disant que j’ai eu un coup de foudre pour le MMORPG de Blizzard, mais comme je ne suis pas là pour vous mentir : sachez que je l’assume pleinement.

Dans la foulée mon père a été convaincu de s’y mettre aussi j’ai donc pu commencer à y jouer à la maison quand papa n’était pas sur l’ordi. Et honnêtement je crois que ça m’a grandement aidée à me remettre sur le droit chemin. Quelle piètre héroïne j’aurais fait si j’avais continué à foutre ma petite vie d’ado en live ? J’y ai retrouvé mes valeurs perdues et en ai appris d’autres. Et puis… tout ce que je n’étais pas ou ne pouvais être dans la « vraie » vie, je l’appliquais dans le jeu. C’était absolument démentiel. Et puis les heures passaient et s’accumulaient, je jouais également avec mon demi-frère dont le nom de compte me faisait et me fait encore rire (Cleminem si tu me lis, merci pour ce moment) et que j’ai même fini par récupérer pour avoir ENFIN mon compte à moi, aux temps de jeu illimité… Jusqu’à ce que mon PC meurt et que je n’aie plus de support de jeu : c’est à dire fin Lich King (la troisième extension). Mais entre temps j’avais fait des trucs vraiment cool et ça mérite bien un peu de blabla ici.

Mon Upside Down à moi

Vous voyez l’upside down de Stranger Things, c’est ce fameux concept selon quoi le monde dans lequel on vit se confronte à un autre monde qui existe en parallèle voire par-dessus le notre. La frontière entre les deux est finalement si fine qu’il vous suffit de trouver une petite entrée pour basculer dans l’autre monde. Je faisais cette acrobatie régulièrement jusqu’au jour où les deux mondes ont commencé à se confondre. J’avais créé une guilde dans l’alliance à l’époque (car mon père était friand des Elfes de la Nuit et de l’Alliance en elle-même) sur Cho’Gall un serveur PVP bien peuplé à ce moment-là et avais réussi à réunir une bonne petite troupe de joyeux lurons sous la douce appellation des « Fox Heart ». C’était génial : partage, entraide, bonne ambiance. Tout ce qui me plaisait à grande échelle dans ce mmo, nous avions réussi à en concentrer une petite partie dans notre guilde ! Tu savais qu’en te connectant il y aurait toujours quelqu’un de partant pour jouer avec toi. Pas de limites d’âge : les plus jeunes comme les plus vieux trouvaient leur compte et les gens étaient tellement bienveillants et respectueux que cette frontière des âges était abattue dès le début pour le bonheur de tous. J’ai fini par trouver mes amis en ligne beaucoup plus vrais que ceux que j’avais à l’école et la frontière était largement franchie.

À l’époque de Lich King je découvrais la joie de courir après les garçons et d’être souvent courtisée mais aussi humiliée par eux, d’être malmenée également par les camarades d’école qui te trouvent différente : sac d’école volé et jeté dans un étang, chewing-gum collés dans les cheveux, poussée dans une flaque lors des belles pluies de mars, insultée car « parents divorcés, pas catho, vit seule avec son père et son frère », traitée de grosse vache parce que tu ne rentres pas dans un 34 et que tes fringues ne sont pas à l’ordre du jour… Enfin tous ces trucs pourris qu’on vous fait payer quand vous êtes gosse, je pense que le harcèlement scolaire est bien assez répandu pour que cela vous parle. Autant vous dire que quand vous lever devient aussi douloureux que de boire après une anesthésie générale, devenir quelqu’un d’exceptionnel le soir venu est bien plus qu’un luxe.

J’ai même expérimenté l’IRL à l’époque où je débutais chez Micromania. C’est ainsi que j’ai profité de mon voyage (premier voyage seule !! :o) à Paris à l’occasion du Micromania Game Show au Max Linder (première fois que j’ai vu Marcus également /o/) pour faire un arrêt à Orléans et rencontrer pour la première fois 3 amis IVL avec qui je partageais absolument tout en ligne (ça fait beaucoup de premières, je pense que cette période restera ancrée dans ma mémoire à jamais). Et même si beaucoup de choses ont changé depuis, je ne saurai jamais exprimer à quel point je suis reconnaissante envers ces gens et envers la vie pour avoir eu le droit de vivre ces petits moments de bonheur.

L’histoire s’est arrêtée vers la fin du Lycée, les sorties, les moyens financiers limités (eh oui l’abonnement, ça coûte !) et la mort de mon PC ont eu raison de mon temps de jeu.

Cataclysm s’est fait sans moi et je crois bien qu’Aile de Mort a ouvert une brèche dans mon coeur en même temps qu’il a modifié à jamais le visage d’Azeroth.

Un retour fracassant

7 ans. 7 ans à attendre de pouvoir revenir. 7 ans à me convaincre que je ne peux pas retourner sur WoW pour x ou y raisons. 7 années à voir chaque news passer et ressentir un pincement au coeur. Cela semble idiot à lire, mais il ne faut pas sous-estimer la place que peut prendre ce genre d’univers dans la vie d’une personne. C’est ainsi que j’arrive à comprendre ceux qui s’y perdent, sans les envier pour autant. J’ai pu rejouer grâce à une personne dont je me suis éloignée depuis, mais que je remercie énormément malgré tout, si tu passes par là je m’excuse pour les affaires passées, sache toutefois que ton geste n’est et ne sera jamais oublié même si je ne pense pas t’avoir assez remercié. On m’a donc offert Légion et j’ai raté un battement à ma première reconnexion. J’ai de nouveau rencontré des gens fantastiques et j’ai repris la rédaction de cette histoire d’une partie de ma vie, oubliée pendant longtemps. Aujourd’hui j’ai remonté une guilde, « Not Safe For Wow » sur Hyjal dans la Horde. J’ai retrouvé une nouvelle bande de joyeux lurons qui s’agrandit chaque jour. On expérimente ensemble, on avance ensemble. Nous cherchons encore notre équilibre mais j’ai pour vocation de fournir un espace de partage et d’entraide à tous. Afin de revivre (pour les vieux joueurs) ou découvrir (pour les néophytes) ce que le LFR et les nouvelles générations de la communauté nous ont fait oublier : la bienveillance et l’unité. J’ai beaucoup moins de temps de jeu qu’avant et ça me rend un peu triste… J’aimerais que cela change, mais j’arrive à tenir mes engagements de guilde au moins pour l’instant, prochaine étape : trouver le temps de jouer pour moi également !

Donc si vous êtes hordeux, sur Hyjal, pas relou et un peu propre, n’hésitez pas à m’en parler, on a sûrement une petite place pour vous :).

Voilà pour cette fois, je me demandais si j’aurais de quoi faire un article complet, il semblerait que raconter des histoires c’est un peu comme le vélo : ça ne s’oublie pas. J’ai peut-être juste ça en moi finalement et cela fait plaisir. J’espère que la lecture vous aura plu aussi, nous nous retrouvons au plus vite pour la deuxième partie ! Des bisous.