Beaucoup (BEAUCOUP) trop de temps a passé encore depuis mon dernier article. J’ai l’impression que le confinement a mis en pause tellement de choses… Et puis ce n’est finalement jamais facile d’être présente sur de nombreuses plateformes pour différents contenus. Parfois j’imagine un monde où je peux mettre « pause » et prendre chaque chose à la fois, faire chaque chose en son temps. Ceci étant dit, je n’arrive pas à me tenir loin de l’écriture bien longtemps alors… Me voici pour une petite chronique manga ! Je crois l’avoir déjà précisé par le passé mais les précisions même répétées ne sont jamais de trop : côté manga j’ai décidé d’écrire en fonction de mes coups de coeur (pour différentes raisons), vous pourrez toutefois retrouver plein d’autres titres que je découvre ou conseille sur mes différents réseaux sociauxet aussi à l’occasion de lives manga – c’est en haut à gauche ! – à chaque achat / réception. Toutes les chroniques que vous retrouverez donc ici seront dédiées à un titre qui m’aura vraiment marquée / conquise, c’est le cas de Kase-san. Alors sans plus attendre, parlons un peu de cette licence Yuri qui a immédiatement pris la place de top 1 Yuri dans mon coeur.

Kase-san & son synopsys

Nombreux sont les premiers amours nés au lycée, dépeints dans nombre d’oeuvres. Mais combien vous ont parlé de celui qui fait s’interroger sur son orientation sexuelle ?
Yamada est une jeune fille timide, effacée, sur une photo de classe elle incarne facilement la fille maladroite, pas très bonne en classe, pleine de bonne volonté mais dont personne ne se souvient. Elle n’est jamais sortie avec un garçon et compte ses ami.es sur les doigts… Bah sur plus ou moins un seul doigt en fait. Comme vous le savez sûrement dans les écoles au Japon il est de rigueur de faire partie d’un club qui vous permette à la fois d’exprimer vos passions mais aussi de vous faire un groupe d’amis, de faire « partie de quelque chose » (et en passant, de perpétrer les traditions de « castes » mais bon…). Yamada elle, ne fait partie d’aucun de ces clubs cependant sa passion pour la végétation et les fleurs l’amène à devenir la seule et unique « préposée aux plantes » de l’école. Un passe-temps qui lui permet de s’épanouir mais l’éloigne encore plus de ses camarades. C’est pourtant cette activité qui lui permettra de remarquer Kase et, sans le savoir, d’être remarquée en retour par celle-ci. Kase à contrario est la coqueluche de l’école, garçon manqué, extravertie, extrêmement douée en sport et particulièrement populaire… Elle intimide les garçons et fait chavirer le coeur des filles, d’autant plus que de nombreuses rumeurs lui prêtent une attirance certaine pour ces dernières. Vous vous en doutez, les deux jeunes filles se révéleront assez vite leurs sentiments pour finalement sortir ensemble et terminer la période du lycée main dans la main. 

PS : petite précision, les titres se forment à chaque tome avec « Kase-san & » + un élément plus ou moins matériel marquant d’une époque. Cependant, en tant que lecteurs et lectrices, très vite nous réalisons que nous bien plus suivons plus le point de vue de Yamada que celui de Kase. Pour moi le titre est donc plus une construction subtile au travers les yeux de Yamada qui, elle, ne voit que Kase et l’associe à quelque chose qu’elle a aimé faire avec elle ou l’y a liée (les belles-de-jour, les cerisiers, etc…).

Pourquoi kase-san est-il différent des autres yuri ?

Le genre Yuri (manga lesbien) est un genre qu’on ne trouve que trop peu en librairie, les rayons sont d’ailleurs très souvent dépourvus de cette catégorie, là où le Yaoi (manga gay) rencontre plus de succès et d’afficionados (plutôt des afficionadas d’ailleurs), cela rend déjà la liste de choix assez courte, même cette tendance évolue dernièrement grâce à l’arrivée de nouvelles licences sublimes.
De plus, en ce qui concerne mes références pour l’instant, j’ai remarqué que les Yuri les plus répandus souffraient d’un cliché fétichiste flagrant : un désir de présenter une relation lesbienne adolescente qui glisse très vite dans le trop sexuel. Non pas que j’ai quelque chose contre le contenu sexuel (j’aime les hentai, j’aime l’érotisme, j’aime le NSFW) mais quand c’est systématiquement présenté comme le point critique de l’histoire sans vraie justification cela devient vite lourd. Très vite en tant que bi/pansexuelle et lesbienne nous sentons l’étiquette de la sexualisation à outrance nous marteler le crâne. C’est le cas pour Citrus ou encore Netsuzou Trap par exemple, que j’apprécie beaucoup mais pour lesquels la mise en scène de cet aspect m’a assez chagrinée.

Kase-san est doux, il se rapprocherait déjà plus d’un shojo lesbien adolescent tout simplement. Mais au-delà de l’aspect sexuel / fétichisme adouci voire inexistant dans cette licence, j’ai eu le plaisir de découvrir un point essentiel : il n’y a pas de drama ! Les 3/4 des shojos et la quasi totalité des Yuri que j’avais lu avant lui ne pouvaient s’empêcher de proposer des rebondissements qui font obligatoirement remettre en question notre foi en l’humanité. Alors autant je ne suis pas un bisounours et je sais que les gens ont un potentiel énorme pour être horribles, autant il est plaisant de pouvoir découvrir l’histoire d’un couple qui subit des obstacles de la vie sans être obligés d’y incorporer des infidélités, des manipulations ou des blessures gratuites. Le chemin n’est pourtant pas si aisément praticable : Yamada est novice en tout (couple, relations sexuelles et même désir, amitié, dates…) et affronte donc chaque étape de cette relation avec un complexe d’infériorité flagrant d’autant qu’elle est intimement persuadée que ce n’est pas le cas de Kase-san.

Kase, elle, souffre d’un cliché que je ne connais que trop bien et qui m’exaspère toujours autant : être une femme forte, n’ayant pas peur de s’assumer et d’assumer son caractère fera très souvent de vous quelqu’un d’insensible, qui n’a pas besoin qu’on fasse attention à elle et qui a sûrement déjà tout vu. Vous pourrez largement être appréciée pour ça mais aussi tout autant « critiquée » ou juste pas vue comme vous êtes vraiment. Et cela me fait penser à une phrase que j’ai lu récemment à mon sujet et qui m’a blessée, je ne m’en souviens pas parfaitement mais le propos était présenté et pouvait être interprété comme tel « on dit qu’on l’aime mais au fond on s’en fout, c’est un personnage et elle ne doit pas avoir subi/affronté les mêmes difficultés que nous ».
Aux yeux des gens, Kase a donc la belle vie, son physique lui apporte une facilité de vie, sa popularité aussi et fait l’objet de rumeurs sur ses relations passées comme actuelles. Un point qui ne manque pas de rendre notre petite Yamada jalouse et inquiète du futur de son couple qu’elle commence tout juste à comprendre.

Des obstacles donc, mais pas de coups de couteau dans le dos, pas de mensonges, de trahison. Juste une histoire comme il devrait y en avoir beaucoup plus, avec des hauts et des bas mais dont la bienveillance vous colle un sourire non-stop et vous fait rêver aux situations simples que nous rendons toutes et tous si compliquées.

Kase-san est donc à mes yeux un Yuri que je ne saurais que recommander, pour les messages qu'il véhicule, la beauté et la poésie de ses dessins ainsi que son côté 200% good mood qui fait du bien par où ça passe.
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